Les maisons des Américains du Cap Corse

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A la pointe de l’Île, de somptueuses maisons appelées « les maisons des américains » racontent l’histoire des corses partis faire fortune aux Amériques. Direction le Cap Corse, à la découverte d’un patrimoine peu connu : « I Palazzi di l’Americani » en langue corse. Presqu’île de près de 40 kilomètres de long, le Cap Corse abrite de magnifiques villas d’altitude avec leur marine en contre-bas et leurs maisons de pêcheurs. Ces maisons marquent l’architecture singulière de cette région de l’Île de Beauté. On n’en compte aujourd’hui pas moins de 140. Dans cet article, nous souhaitons vous faire partir à la découverte de ces maisons chargées d’histoire, situées au cœur du Cap Corse.  

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Le Cap Corse, la pointe de l’Île de Beauté, est une région d'une beauté exceptionnelle, connue pour sa nature sauvage, ses paysages escarpés et ses villages pittoresques qui se fondent harmonieusement dans le décor. Cependant, ce coin de la Corse se distingue également par une histoire fascinante liée à l'émigration de corses vers les Amériques, qui a donné naissance aux célèbres "Maisons d'Américains". Au XIXe siècle, de nombreux Corses ont quitté leur terre natale à la recherche de nouvelles opportunités et de richesses outre-Atlantique, principalement aux États-Unis, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Ces émigrants corses, appelés "Américains", ont fait fortune en Amérique. Lorsqu'ils sont revenus au Cap Corse, ils ont investi leur richesse dans la construction de maisons imposantes, souvent de style éclectique, mélangeant des éléments d'architecture américaine et européenne. Ces "Maisons d'Américains" sont devenues emblématiques de la région, témoignant de l'héritage unique de ces Corses partis à l'aventure aux Amériques et revenus avec succès dans leur terre natale. Ces demeures racontent une histoire d'émigration, de prospérité et de retour au pays, faisant du Cap Corse un lieu chargé de récits captivants et d'une riche diversité culturelle. 

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Le Palazzu Nicrosi  

Au sommet des collines de Rogliano, en Haute-Corse, s'étend un vaste domaine de plus d'un hectare, bordé par une allée majestueuse de platanes. À l'horizon, les îles italiennes de Capraia et d'Elbe se dessinent sous le ciel azur. Au cœur de ce paysage enchanteur, se dresse le Palazzu Nicrosi, une imposante résidence de 1 600 mètres carrés, s'étalant sur cinq niveaux. Fièrement positionné en face de la mer, ce bâtiment monumental arbore un porche d'entrée majestueux, soutenu par deux imposantes colonnes. Une rampe en fer forgé, ornée de la date de sa construction en 1877, accueille les visiteurs sous cette entrée impressionnante.  

Nichée au cœur d'un cadre authentique et préservé, la Palazzu Nicrosi incarne parfaitement l'élégance des maisons de maître du Cap Corse.  

Dans la même famille depuis 1877, Paul et Aline Saladini ont transformé cette demeure chargée d'histoire en une résidence pleine de charme composée de cinq chambres et suites. Le Palazzu Nicrosi offre une atmosphère évoquant les demeures bourgeoises du XIXe siècle et surplombe la mer avec les îles italiennes de Capraia et d’Elbe en toile de fond. Un cadre exceptionnel qui invite les visiteurs à plonger dans l’histoire des Corses d’Amérique.  

Le Palazzu Nicrosi incarne la concrétisation du rêve d'un jeune cap-corsin, Pierre-Marie Nicrosi, qui partit à l'âge de 15 ans en quête de fortune "aux Amériques" en 1852. Après plusieurs semaines en mer, il découvrit une vie laborieuse qui l'attendait à Montgomery, en Alabama. 

Pour quitter son île natale, Pierre-Marie fut contraint de s'engager comme matelot afin de rejoindre "les États du Sud", un voyage sans retour. À son arrivée, il quitta le navire, rompant ainsi ses engagements et rendant impossible son retour en Corse. Son exil l'empêcha également de répondre à l'appel du service militaire en France, le transformant malgré lui, en déserteur qui ne pouvait revenir dans son pays avant l'âge de 30 ans. 

Pierre-Marie retrouva son ami Mathieu Strenna à Montgomery, où ce dernier possédait un salon de thé. Ensemble, ils ouvrirent un super-service révolutionnaire pour l'époque, permettant aux clients de se servir eux-mêmes à l'aide de paniers en osier mis à leur disposition. 

Après avoir enduré les épreuves de la Guerre de Sécession, Pierre-Marie revint en Corse en 1874 et se lança dans le défi d'ériger un palazzu encore plus grand que celui de Mathieu Strenna, rentré quelques années plus tôt. 

C'est ainsi que naquit le Palazzu Nicrosi, un monument érigé pour célébrer sa réussite et protéger sa grande famille. Pendant 150 ans, il est demeuré la plus prestigieuse des mythiques demeures d'Américains, devenant un symbole emblématique du Cap Corse

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La villa Gaspari-Ramelli  

L'histoire prend ses racines du côté des Amériques. En 1840, Simon Giovanni Gaspari, établi au Venezuela depuis 1827, exprime à son frère resté en Corse, son désir de faire ériger une nouvelle demeure "plus moderne et confortable". Son autre frère, Santo, également résidant au Venezuela, se joint au projet de construction, et les travaux débutent en 1842. Cependant, au fil de la construction, Simon Giovanni, ne souhaitant plus revenir en Corse, décide de céder sa part de la maison à Santo, qui en devient ainsi l'unique propriétaire. 

En 1859, la construction de la maison est achevée, et Santo fait le choix de s'établir en Corse après avoir mené une carrière remarquable au Venezuela en tant que médecin et homme politique éminent. En 1846, il est élu député de l'état de Guyana, puis accède au poste de gouverneur en 1858. Cette maison deviendra le témoin d'une histoire fascinante qui unit les deux mondes, l'Amérique et la Corse. 

La demeure se trouve dans un cadre authentique, au centre d’un parc verdoyant aux arbres centenaires. Bien loin des tourments du monde, la maison Américaine Gaspari-Ramelli est de couleur brique clair et se caractérise par son porche très typique des maisons américaines du XIXe siècle.  

Le monument a été ouvert au public en 2009, marquant le retour de Rose-Marie Carrega-Ramelli de Paris, où elle avait travaillé aux côtés de princes saoudiens pour l'Hôtel des Ventes de Drouot. Établissant sa résidence permanente dans la grande demeure familiale, elle a ressenti une profonde aspiration à la transformer en un lieu culturel vivant. Dans cette optique, Rose-Marie Carrega-Ramelli décida de rafraîchir la décoration de l’édifice en retirant les gravures qui ornaient les murs, pour les remplacer par les œuvres de nombreux amis peintres locaux. Des sculpteurs, des écrivains, des conférenciers, des musiciens et d’autres artistes ont également investi cette demeure, la transformant en un véritable sanctuaire de la culture. 

Le tout premier invité à la Villa fut Marie-Jean Vinciguerra, venu donner une fascinante conférence sur "Garibaldi et la franc-maçonnerie". Depuis ce moment inaugural, une multitude d'événements et de rencontres ont pris place, attirant un public toujours plus enthousiaste. Depuis, le succès de la Villa Gaspari-Ramelli ne cesse de croître. 

Rose-Marie Carrega-Ramelli poursuit sa mission en ouvrant généreusement les portes de sa demeure à de nombreux artistes tout au long de l'année. Les peintures et sculptures exposées dans les espaces de vie reflètent la diversité et la richesse de la création artistique locale et internationale, offrant ainsi une expérience culturelle unique pour les visiteurs de ce lieu exceptionnel. 

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La villa Castel Brando 

Castel Brando est une authentique demeure de maitre du XIXe siècle qui se situe dans un cadre enchanteur où règnent oliviers centenaires et palmiers séculaires inspirés des demeures voisines de Toscane. 

La "Casa Calisti" est l'une des célèbres "Maisons d'Américains" du Cap Corse, chargée d'histoire. Son premier propriétaire, M. De Zerbi, médecin au service des armées de Napoléon III, fit ériger cette élégante demeure patricienne en 1853. Plus tard, il la céda à M. Calisti, originaire d'Erbalunga, qui avait quitté la Corse au début du XIXe siècle pour chercher fortune dans les plantations de canne à sucre à Saint-Domingue. Cette imposante résidence, tout en conservant la simplicité propre aux familles corses, devenait le symbole de sa réussite sociale. Les anciens pêcheurs du village se souviennent encore de la beauté légendaire de son épouse, une princesse créole, et des fastes qui accompagnaient leurs séjours à Erbalunga. 

Cependant, au fil des générations, les visites des descendants Calisti, devenus citoyens de la République dominicaine, se firent plus rares, laissant la maison à l'abandon. A la fin des années 1980, la famille Pietri fit l’acquisition de cette demeure ancestrale dont elle tomba sous le charme et en fit sa résidence. Toutefois, après quelques mois de réflexion, ils décidèrent de partager la beauté de ce lieu en transformant le Palazzo en un petit hôtel de charme, une catégorie qui n'existait pas encore en Corse à l'époque. 

Après de longs mois de dur labeur, le Castel Brando ouvrit ses portes en 1990. Animés par une véritable passion pour l’hôtellerie, les époux Pieri ainsi que leurs deux fils améliorèrent le domaine et enrichirent les services offerts à leurs hôtes. 

 

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Le Château Cagninacci  

Érigé sur le site d'un ancien couvent de Capucins, l'impressionnant Château Cagninacci, un palais néo-toscan, a été construit par l'arrière-grand-père de Bertrand et Florence Cagninacci. De l'ancien couvent du XVIIe siècle, subsistent la chapelle, désormais vide, ainsi que quelques cellules de moines. 

Les Pères capucins y demeurèrent jusqu’en 1797 et en 1803 il fut racheté par la commune. Les conditions de vie devenant de plus en plus difficiles et la commune n’ayant pas les moyens financiers d’entretenir un tel édifice, il fut vendu aux enchères en 1908 et racheté par la famille Cagninacci pour cinq mille sept cents francs. La famille transforma le couvent en un véritable château, seules la chapelle et les cellules monacales furent conservées telles quelles. 

Le Château Cagninacci est niché au cœur de 3 hectares de terrain privé, boisé de châtaigniers, d'oliviers, de magnolias majestueux, d'orangers parfumés et de tilleuls, dont le parfum au printemps est tout simplement envoûtant. Par temps clair, on peut y même apercevoir les îles d'Elbe et de Capraia, et parfois même la côte italienne.  

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Les Maisons des Américains du Cap Corse constituent un véritable trésor architectural et culturel, témoignant de l'histoire singulière de ces Corses partis chercher fortune aux Amériques. Ces demeures imposantes, imprégnées d'un mélange d'influences architecturales, incarnent l'opulence et le succès de ceux qui ont osé l'aventure outre-Atlantique. Mais au-delà de leur aspect extérieur majestueux, ces maisons racontent aussi l'histoire de familles, d'émigrants courageux, de liens entre deux mondes, et de l'amour pour leur terre d'origine. Aujourd'hui, ces maisons sont devenues des témoins vivants d'une époque révolue, offrant aux visiteurs un retour dans le passé, tout en continuant de préserver leur charme et leur élégance. Le Cap Corse, avec ses Maisons des Américains, incarne une mémoire précieuse et une richesse culturelle, faisant de cette région un lieu incontournable pour les amateurs d'histoire et de monuments culturels. 

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