Arillavu et Muna, les villages oubliés

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Considérée comme l’Île de Beauté, la Corse a toujours été une destination très prisée pour ses plages de sable fin, ses paysages pittoresques et ses montagnes majestueuses. Cependant, derrière cette image idyllique se cache une facette moins connue mais tout aussi intrigante de l'île : ses villages abandonnés. Au fil des siècles, la Corse a vu naître et disparaître de nombreux hameaux et villages, laissant derrière eux les vestiges silencieux de l'histoire et du passé tumultueux de l'île. Ces villages désertés, témoins muets du temps qui passe, nous invitent à plonger dans les mystères de leur dépeuplement, à découvrir les raisons qui ont conduit à leur abandon et à réfléchir sur l'héritage qu'ils laissent derrière eux. La Corse, à travers ses villages abandonnés, nous offre une fenêtre sur son histoire, une histoire marquée par la résilience de ses habitants face aux défis et aux vicissitudes de la vie insulaire. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir le village abandonné Arillavu et de Muna. 

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Arillavu, un village qui vivait en autarcie  

Le village d'Arillavu, niché dans le sud de la Corse, évoque une époque révolue où les villageois vivaient en totale autonomie. Ses habitants, vivant en quasi-autarcie, élevaient quelques bêtes et cultivaient avec persévérance leurs jardins, dont les nombreux murets en pierre témoignent encore aujourd'hui de leur labeur acharné. Étonnamment, Arillavu ne possédait pas d'église, et les cérémonies religieuses étaient célébrées à Giuncheto, un village voisin, où reposaient également les défunts d'Arillavu. 

Pourtant, malgré sa fierté et sa résilience, Arillavu souffrait cruellement d'un manque d'eau. La source la plus proche se trouvait à plus de cinq cents mètres des habitations, obligeant les villageois à effectuer des trajets longs et laborieux pour s'approvisionner en eau potable. 

Au début du XXe siècle, l'école d'Arillavu était le cœur intellectuel du village. Elle fonctionnait en tant que classe unique et accueillait près d'une cinquantaine d'élèves. Beaucoup de ces enfants venaient des campagnes environnantes, témoignant de la vitalité de la communauté. Cependant, le destin d'Arillavu prit un tournant inexorable avec le temps. Lentement, le village commença à se dépeupler, ses habitants préférant s'installer dans des endroits moins isolés, tels que la ville voisine de Sartène. L'école, autrefois animée, vit ses élèves partir, et l'institutrice finit par quitter définitivement le village en 1936. 

La triste mélodie de l'abandon ne tarda pas à résonner à Arillavu. En 1938, le village fut finalement déserté, laissant derrière lui les vestiges d'une vie autrefois florissante, mais finalement condamnée par l'évolution du temps et des circonstances. Aujourd'hui, en contemplant les ruines silencieuses d'Arillavu, on ne peut s'empêcher de se demander quelle histoire intrigante se cache derrière ces murs en pierre maintenant déserts, qui témoignent d'une époque révolue de la vie corse.  

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Comment s'y rendre ? 

À partir de Sartène, empruntez la route T40 en direction de Bonifacio. Après environ 1,5 kilomètre, il faut prendre un virage à droite sur la route D48 en direction de la Bocca Albitrina et Tizzano, puis suivre cette route sur une distance de 5 kilomètres. Vous pouvez garer votre véhicule sur le côté de la route, près du virage à droite. C’est à cet endroit que commence le chemin. Ici, un panneau de signalisation vous indique la direction du village abandonné d’Arillavu (également appelé Ariddavu). Le panneau annonce 30 minutes de marche, ce qui est un peu au-dessus de la réalité. Le chemin, signalé à l’aide de traits jaunes, monte toujours en pente douce, en formant de multiples virages et en traversant une petite forêt ombragée de chêne des garrigues ou chênes kermès. Au bout de 20 minutes, vous atteindrez un beau mur en pierre, le long duquel passe un chemin pavé. La première maison du village se trouve juste après. Un panneau vous y raconte l’histoire du village abandonné. Enfin, Le retour se fait par le même chemin. 

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Muna, un village solitaire  

Niché dans les montagnes et éternellement surveillé par la majestueuse Sposata, Muna se distingue par son caractère singulier et une atmosphère mystérieuse qui imprègne ces lieux. Situé à seulement quelques kilomètres de Rosazia et de Murzo, ce village se déploie en cascades de maisons adossées aux flancs de la montagne. Au fil du temps, il s'est peu à peu dépeuplé de ses habitants, un exode qui a débuté pendant la Première Guerre mondiale. 

Bien qu'il n'ait jamais été complètement abandonné, la vie à Muna ne reprend véritablement qu'avec l'arrivée des beaux jours et des visiteurs venus se plonger dans son passé captivant. 

Fondé en 1740 pour répondre aux besoins croissants de l'exploitation forestière, le village de Muna a pris forme en s'étageant le long des pentes de la Sposata. À cette époque florissante, le bois récolté dans les forêts environnantes était précieusement acheminé jusqu'au littoral par le biais du fleuve Liamone, prêt à être exporté. Ce bois était utilisé pour fabriquer des mâts de bateaux, une industrie vitale à l’époque. 

L'accès à Muna était ardu, et nécessitait un long périple le long d’un sentier muletier s’étirant sur une dizaine de Kilomètres à travers les calanques du village. Malgré ces difficultés et l’emplacement isolé du village, Muna jouissait d'une parfaite autonomie grâce à ses nombreuses ressources. Les habitants vivaient des cultures, des oliveraies, des châtaigneraies, ainsi que des précieuses ressources fournies par les "arbres à pain" et les troupeaux d'ovins. Un moulin et des fours à pain locaux complétaient cette autarcie, permettant à Muna de prospérer malgré son emplacement difficile d'accès. 

Si vous visitez le village abandonné de Muna, posez-vous calmement, fermez les yeux et laissez-vous porter par la magie de ses ruines chargées d’histoire. Bien que le lieu soit aujourd’hui désertique, l’âme de ce village est toujours présente. Vous entendrez les murmures des femmes qui s’affairent à leurs tâches quotidiennes et les rires des jeunes enfants qui couraient dans les strette (ruelles étroites en langue corse).  

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Comment s’y rendre ?  

Autrefois, l'accès à Muna se limitait à un sentier muletier reliant le village à Rosazia. Ce sentier, abrupt et accidenté, suivait les courbes du Liamone sur une distance d'environ une dizaine de kilomètres et était qualifié de plutôt dangereux. 

Cependant, un tournant majeur dans l'histoire de Muna survint grâce au chanteur Antoine Ciosi, qui réinterpréta une chanson des frères Vincenti intitulée « L’Omu di Muna ». En 1987, cette initiative conduisit à la construction d'une route départementale goudronnée, remplaçant ainsi le sentier muletier. 

Pour accéder à Muna aujourd'hui, vous devez d'abord vous rendre au village de Vico. De là, suivez la D23 en direction de Murzo. Une fois près de l'église de Vico, tournez à droite pour vous diriger vers Muna via la D4, qui traverse la pittoresque route étroite de Bocca a Verghiu, serpentant le long des impressionnantes formations rocheuses de Muna, offrant des paysages à couper le souffle et des sensations fortes au milieu de ces falaises vertigineuses. 

Une fois que vous aurez atteint votre destination, il ne vous restera plus qu'à enfiler vos chaussures de marche pour commencer votre exploration. 

 

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Il existe d’autres villages abandonnés en Corse qui en valent le détour :  

Occi, est l’un des villages oubliés les plus connus de l’Île de Beauté. Situé au-dessus du village de Lumio en Balagne, à 337 mètres d’altitude, Occi comptait une population de 150 habitants mais à cause des Razzias et des épidémies le village mourut progressivement, laissant derrière lui, ses ruines qui témoignent d’un passé chargé d’histoire.  

Le hameau de Caracu, est niché au cœur du Cap Corse dans la commune de Meria. Pour atteindre ce village isolé dans le maquis, un unique sentier pédestre est nécessaire. Malheureusement, au fil des années, Caracu a été déserté, laissant les ruines reprendre possession du village depuis 1925. Si vous envisagez de visiter cet endroit, nous vous recommandons d'être prudent, car les bâtiments en ruine présentent un risque imminent de s'effondrer à tout moment. Pourtant, malgré leur décrépitude, ces structures portent encore les témoignages de la vie passée, avec des fours et des corniches peintes qui racontent leur histoire. Une rumeur persistante suggère qu'un fait divers tragique aurait eu lieu à l'entrée du village, impliquant un fils de bonne famille qui aurait pris la vie d'une servante, laissant l'esprit de cette dernière errer éternellement entre les murs de ce hameau abandonné... 

U Tassu est un village corse oublié qui se situe proche des villages d’Evisa, Marignana et E Cristinacce. Ce village abandonné faisait partie des 7 hameaux qui constituaient le village E Cristinacce avant d’être brûlé par les Génois en 1460. Tassu est composé d’une dizaine de maisons enchevêtrées les unes aux autres. 95 habitants faisaient vivre ce hameau. U Tassu se trouvait à la croisée de plusieurs chemins, lui conférant un rôle central dans le développement des activités commerciales de la micro-région. Il était au cœur des activités agricoles, comme l'élevage porcin et bovin, ainsi que la fabrication de confitures et de liqueurs. Le village était également réputé pour ses productions de miel et de farine de châtaignes. De plus, en tant que carrefour, U Tassu était d'une grande utilité pour les bergers du Niolu lors de la transhumance vers les pâturages en piaghje ou les montagnes avoisinantes. 

Malheureusement, au début du XXe siècle, l'ouverture d'une route a contribué au déclin d'U Tassu. Le dernier habitant quitta le village en 1935. 

Aujourd'hui, plusieurs chemins répertoriés dans le Plan d'Intérêt Public Routier (PIPR) de la Corse du Sud mènent à cet endroit : 

Le premier, d'environ 3 kilomètres de long, démarre d'Evisa. 

Le second, d'environ 2,4 kilomètres de long, part de Marignana. 

Le dernier, d'environ 2,2 kilomètres de long, a son point de départ à E Cristinacce. 

Ces promenades ombragées vous permettront de découvrir une végétation luxuriante composée de châtaigniers, de chênes verts, de pins laricio et d'une végétation méditerranéenne dense. Idéales pour une sortie en famille, ces balades ne présentent aucune difficulté particulière, et en environ une demi-heure de marche, vous pourrez déambuler dans les rues de ce village oublié. 

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Le mois d’octobre est marqué par l’arrivée de l’automne une saison empreinte de mystère et de magie. Progressivement les couleurs du paysage se transforment et les températures s’adoucissent vous permettant ainsi de profiter de l’arrière-pays. Cette période de l’année se prête parfaitement à la visite de ces lieux à la fois secrets et obscurs. Alors partez à la découverte de ces sites insolites et apprenez-en plus sur l’histoire de l’Île de Beauté.  

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